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Photo du rédacteurAkira Mizubayashi

14 mars 2013 / « Écrire, la langue de l'autre » au Petit Palais

Rencontre avec Vassilis Alexakis, Eugène Green et Akira Mizubayashi, animée par Francesca Isidori, à l'auditorium du Petit Palais (Rencontre organisée par la Maison des écrivains et de la littérature)

Dans le cadre de la Semaine de la Langue Française et de la Francophonie, la Maison des écrivains et de la littérature a organisé une rencontre autour du thème de «Écrire, la langue de l'autre».

J'ai eu d'abord la joie de retrouver Francesca Isidori qui m'avait invitée le 24 avril 2011 dans son émission Affinités électives sur France Culture pour parler d'Une langue venue d'ailleurs (écouter cette émission : ICI). Dans la voix de Francesca d'une suavité enchanteresse, j'entends l'une des plus belles réalisations de la langue française, comme l'a dit Sylvie Gouttebaron en ouvrant la joyeuse table ronde à laquelle j'ai eu l'honneur de participer. Je me suis en effet trouvé aux côtés de Vassilis Alexakis et d'Eugène Green pour aborder la question du choix du français comme langue de travail et d'écriture.



Voici un point sur lequel j'aurais pu m'attarder sans doute davantage. Je crois que la manière dont je suis entré très tardivement dans la langue française est surdéterminée par une histoire familiale. J'ai aujourd'hui 61 ans. Mon père appartient à une génération qui a connu cette affreuse période de guerre entièrement dominée par la folie fasciste de l'impérialisme nippon. Mon père était totalement en désaccord avec l'air ambiant belliqueux. C'était un soldat récalcitrant et à ce titre, il a été maltraité, voire torturé par ses supérieurs infatués et stupides. Ce qui soutenait moralement le malheureux soldat, ce sont les valeurs de l'humanisme occidental qu'il avait intériorisées, pendant son adolescence et sa jeunesse estudiantine, par le biais essentiellement de la littérature. Il me semble que c'est ce désir de mon père qui m'a porté et nourri durant toute mon enfance. C'est de ce désir-là que je suis né en français. Très tôt, j'ai donc eu moi-même le désir de m'éloigner de mon pays, de tenir à distance la manière d'être au monde et surtout la manière d'être avec autrui propre à la culture de ce pays. Bref, j'avais besoin de me séparer, provisoirement tout au moins, de ce qui est natal et maternel, si j'ose dire. C'est la raison pour laquelle j'ose affirmer que le français est ma langue paternelle.

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