Une classe de japonais dynamique, un magnifique spectacle «fripes et kabuki — Des identités en connivences» et une exposition «Stations de métro parisien» d'Akemi Noguchi
Une petite conversation avec une enseignante lors du Salon du Livre 2012 a été à l'origine de mavisite au Lycée Camille Claudel à Vauréal. Madame Sylvie Da Silva nous attendait à la gare de Conflans-Fin-d'Oise. C'est elle qui s'est défoncée, j'en suis sûr, pour que se réalisent simultanément mon intervention et l'exposition du peintre graveur Akemi Noguchi. A 30 minutes du centre de Paris, on est déjà presque à la campagne. C'est là qu'on se rend compte de l'immensité démesurée de Tokyo. Dans ce lycée qui se trouve donc dans la banlieue nord ouest de Paris, il ya des élèves qui apprennent le japonais. Un jeune professeur de japonais Julien Faury (agrégé de japonais, chargé de cours à l'INALCO) m'a introduit dans une salle ensoleillée où m'attendaient une cinquantaine d'élèves sagement assis. Après une brève présentation d'Une langue venue d'ailleurs de ma part (comment j'ai été amené à apprendre le français ? Comment et pourquoi ai-je écrit ce livre ?, etc.), j'ai répondu aux questions des élèves, certaines spontanément posées, d'autres suscitées par leur professeur. La séance a duré presque deux heures. J'ai beaucoup apprécié l'écoute attentive des élèves et leur implication dans le partage constructif du temps du cours.
Au moment du déjeuner dans un restaurant italien, nous avons fait la connaissance de Monsieur Akemi Noguchi, un peintre graveur japonais installé en France depuis 35 ans. Le bouleversement éprouvé lors de sa visite à Lascaux a changé le cours de sa vie d'artiste. Il a abandonné le terrain de l'abstrait ; il a décidé de s'ouvrir au monde sensible. Il a ainsi décidé de se concentrer sur les stations du métro parisien. Chaque gravure représente une station de métro. Il en a fait cent jusqu'à présent ; il en reste encore plus de deux cent soixante à réaliser ! C'est un artiste qui s'efforce d'aller à l'universel en s'emparant d'un seul objet à regarder. Il ressemble à Giacometti... Après le déjeuner, nous avons assisté, Monsieur Noguchi, mon épouse et moi, à un magnifique spectacle de kimonos inventés à partir de fripes offertes par Emmaüs. Il s'agissait d'une douzaine de kimonos (kabuki) imaginés et confectionnés en résonance avec certaines pages d'Une langue venue d'ailleurs. J'ai admiré le travail des élèves ; j'ai admiré aussi le travail des deux enseignantes (deux Sophie !), l'une supervisant l'élaboration des kimonos, l'autre s'attachant à suivre et à explorer avec les élèves la thématique du métissage, des identités en perpétuel mouvement de construction. La musique des Noces de Figaro, où il est en effet beaucoup question d'habillements et de déguisements, accompagnait le spectacle dans tout son déroulement.
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Bravo aux élèves ! Notre avenir ne réside pas dans l'exhibition d'une prétendue pureté identitaire. Au contraire, il surgit là où il y a des inventions d'impuretés créatrices comme vous l'avez magnifiquement montré.
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