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  • Photo du rédacteurAkira Mizubayashi

La rencontre avec Jean Starobinski

Presque 40 ans après la première approche de La Transparence et l'Obstacle, j'ai enfin rencontré son auteur.


J'ai écrit dans Une langue venue d'ailleurs :

«Je l’ai dit : au cours de mes années d’apprentissage à Tokyo et à Montpellier, j’avais pris l’habitude de recopier des phrases ou des paragraphes entiers d’auteurs qui m’avaient frappé. Je m’étais constitué un cahier de citations ; et je m’aventurais de temps à autre à imiter le style de ces citations (encore mon goût d’imitation). Je me plaisais à me glisser dans la langue d’un écrivain pour en sortir et me plonger dans celle d’un autre. Certains procédés, certains tours, certaines constructions grammaticales complexes étaient ainsi entrés dans mon arsenal d’outils et moyens linguistiques. Mais à présent, Starobinski était devenu quasiment l’unique référence, un modèle absolu qui me guidait dans mes réflexions tâtonnantes sur Rousseau, réflexions qui étaient simultanément des tentatives de pénétration dans les profondeurs de la langue française. Je me nourrissais de ce que m’offraient les pages de Starobinski. Les deux éditions de La Transparence et l’obstacle ; les deux éditions de L’Œil vivant ; les deux éditions de La Relation critique ; L’invention de la liberté ; 1789, les emblèmes de la raison ; l’édition revue et corrigée de ces deux derniers ouvrages réunis en un seul volume récemment publié, et tant d’autres livres jusqu’aux plus récents... auxquels j’ajouterai de nombreuses photocopies d’articles pliées et agrafées : tout cela, entassé et empilé, fait une haute tour d’une cinquantaine de centimètres. C’est là qu’habitait mon professeur que je ne voyais jamais et que je n’ai jamais rencontré. Cette tour abritait une école et c’est dans cette école que j’ai fait mes classes ; c’est dans cette école que j’ai appris à écouter les mots et la musique des mots ; c’est donc dans cette école que j’ai acquis les bases de ce qui fait l’essentiel de ma vie, ma vie de professeur de français et de littérature française, mais aussi ma vie de locuteur français, ma vie d’homme vivant et inséré dans la grande fertilité de la langue française.» Une langue venue d'ailleurs, pp.218-219.

Sans la lecture de La Transparence et l'obstacle, je ne serais sans doute pas devenu professeur de français.

J'ai osé envoyer mon livre dès sa parution en janvier 2011. Dans sa réponse à mon envoi, il m'invitait à aller le voir à Genève au cours de mon séjour estival en Europe. C'est ainsi que j'ai eu enfin le bonheur de faire sa connaissance après 40 ans d'admiration. Nous avons passé une journée entière ensemble en compagnie de son épouse Jacqueline et la nièce de celle-ci. Au moment où nous nous apprêtions à les quitter, il s'est mis à pleuvoir. Jacqueline nous a prêté un parapluie pliable que j'ai bien l'intention de lui restituer.

Ce fut une journée d'une grande intensité émotionnelle.

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